Crédits : CHUM
En cette Journée mondiale du sida, la Faculté de médecine souhaite souligner l’importance des travaux de recherche sur le VIH effectués par ses chercheurs. Une étude récemment publiée par une équipe du CRCHUM pourrait aider à développer une stratégie thérapeutique complémentaire aux médicaments antirétroviraux (ARVs). Dre Petronela Ancuta, l’une des chercheuses responsables de cette découverte, croit que cette avancée constitue une piste encourageante qui pourrait mener à l’éradication du VIH ou du moins, à une guérison fonctionnelle. Dre Ancuta est aussi l’une des principales investigatrices du Consortium canadien de recherche sur la guérison du VIH (CanCURE), nous lui avons demandé une description de son programme de recherche.
Quels sont vos objectifs en matière de lutte contre le VIH?
Les thérapies antirétrovirales (TAR) actuelles ont transformé le VIH/SIDA en une maladie chronique gérable, dans les pays où l’accès au traitement est possible, mais nous ne pouvons malheureusement pas parvenir à l’éradication du VIH avec la TAR. La persistance des réservoirs de VIH dans de petites fractions de lymphocytes T CD4+ est bien documentée. En revanche, la contribution d’autres cellules immunitaires, telles que les cellules myéloïdes, à la persistance du VIH sous TAR reste à établir. Le programme de recherche de mon laboratoire vise l’identification et la caractérisation moléculaire de sous-populations discrètes de lymphocytes T CD4 + et de cellules myéloïdes permissives versus résistantes à l’infection par le VIH. Notre objectif est de générer des connaissances scientifiques solides pour la mise en œuvre de nouvelles stratégies de guérison et de rémission chez les personnes infectées par le VIH.
Quels sont les principaux axes de recherche de votre laboratoire?
Nos axes de recherches gravitent autour de quatre sujets d’importances reliés au VIH ; les cellules th17, les cellules myéloïdes, le rythme circadien et les maladies cardiovasculaires.
Les cellules Th17 et VIH
Nos études ont placé les cellules Th17 (une sous-population de lymphocytes T CD4 + qui combattent les pathogènes au niveau des muqueuses) au cœur de la persistance du VIH chez les sujets recevant la TAR. Nos efforts actuels visent l’identification des molécules qui régulent le fonctionnement des cellules Th17 et qui peuvent être utilisées comme de nouvelles cibles de traitement antivirales pour limiter la multiplication du VIH sous ART. Ces approches visent à « bloquer et verrouiller » le virus dans les cellules réservoirs.
Les cellules myéloïdes et VIH
Les cellules myéloïdes peuvent être d’origine monocytaire (courte durée de vie) ou d’origine embryonnaire ou fœtale (survie à long terme). Nous avons démontré que la présence du VIH dans les cellules myéloïdes dérivées des monocytes, présentes dans le sang périphérique et dans l’intestin, est un évènement rare chez les personnes infectées par le VIH sous TAR. Les recherches actuelles au laboratoire visent à étudier les cellules myéloïdes dérivées de précurseurs embryonnaires ou fœtaux qui sont localisées dans différents organes, incluant le foie.
Rythme circadien et VIH
Plus récemment, mon laboratoire étudie l’importance du rythme circadien et de la machinerie de l’horloge circadienne dans la régulation des fonctions immunologiques et de la multiplication du VIH. La dérégulation de cette horloge a des implications immunitaires néfastes surtout chez les sujets infectés par le VIH. Ces études ont une forte pertinence clinique pour orienter les stratégies d’éradication du VIH.
Maladies cardiovasculaires et VIH
Mon laboratoire participe à des efforts collaboratifs pancanadiens visant à identifier les mécanismes cellulaires et moléculaires facilitant le développent précoce des maladies dans la population infectée par le VIH, avec un intérêt particulier sur la cytokine IL-32 qui pourrait représenter une nouvelle cible thérapeutique.
Pour toutes ces études, nous bénéficions de l’accès à des cohortes locales et pancanadiennes de personnes infectées ou non infectées par le VIH, grâce à des collaborations de longue date avec des collègues cliniciens, les Drs Jean-Pierre Routy, Cécile Tremblay et Madeleine Durand.
Biographie
La Dre Petronela Ancuta est professeure sous octroi titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie. Elle a obtenu son Ph. D. en immunologie de l’Université Paris-Sud, après une formation en biologie médicale à l’Université de Bucarest. Elle s’est spécialisée davantage en virologie et immunologie lors de sa formation postdoctorale au Dana-Farber Cancer Institute et à l’Harvard Medical School. Dre Ancuta a été recrutée à l’Université de Montréal en tant que professeure sous octroi adjointe en 2006. Depuis, elle a construit une équipe de recherche compétitive au niveau international et ses travaux ont apporté une contribution scientifique importante dans la lutte contre le VIH/SIDA.