Yves Brun : comprendre les bactéries pour lutter contre l’antibiorésistance

19 décembre 2019


Yves Brun dans son laboratoire du pavillon Roger-Gaudry

Yves Brun, professeur titulaire

La science est à Yves Brun ce que Cap Pelé, son village natal, est à la mer : indissociable.

Très jeune, son père, alors professeur de physique et de chimie au secondaire, lui fait découvrir les sciences, les phénomènes naturels et les expériences en laboratoire, d’une façon toujours très ludique. « Ses explications sous forme de jeux, ainsi que celles qu’il m’a aidé à trouver par moi-même, ont forgé mon intérêt et ma curiosité pour les sciences », se rappelle le professeur titulaire au Département de microbiologie, infectiologie et immunologie de l’Université de Montréal.

Plus tard, à l’école secondaire, il tombe sur un article du magazine Sciences & Vie concernant la synthèse des protéines, un papier qui tracera la voie de ses futures recherches. « Je me souviens d’avoir été complètement fasciné par ce sujet. J’ai alors compris que je voulais en savoir plus sur le fonctionnement du vivant. Cet article m’a tellement subjugué, qu’encore aujourd’hui j’aimerais le retrouver », dit le chercheur acadien, un sourire dans la voix.

Son appétit scientifique officiellement ouvert, il prend le chemin de l’Université de Moncton afin de compléter un baccalauréat en biochimie et une maîtrise en chimie, à une époque où débutent le génie génétique, le clonage et le séquençage des gènes. Ses projets de recherche portent alors sur la biosynthèse des protéines, ce même thème qui l’avait accroché tout jeune.

Ses diplômes en poche, Yves Brun entreprend ensuite un doctorat à l’Université Laval. Un été, il assiste à un cours en génétique bactérienne avancé au Cold Spring Harbor Laboratory, dans l’état de New York, la « Mecque de la biologie moléculaire ». En 2015, M. Brun deviendra d’ailleurs l’un des huit conférenciers invités à un colloque célébrant le 70e anniversaire de ce cours fondé par le lauréat du Prix Nobel Max Delbruck.

Au Cold Spring Harbor Laboratory, il assiste à une conférence « absolument fascinante » de Lucy Shapiro, professeure de biologie du développement à l’Université Stanford, sur l’utilisation de la bactérie Caulobacter pour comprendre plusieurs aspects de la cellule bactérienne. « Ça m’a ouvert les yeux quant à la génétique bactérienne, j’y ai développé un amour pour ce domaine. »

C’est sans surprise qu’Yves Brun décide par après de compléter des études postdoctorales auprès de cette même Lucy Shapiro à Stanford. Ensemble, ils étudient la biologie cellulaire et le développement de méthodes de microscopie pour observer les bactéries, un domaine dont elle est l’une des chefs de file.

Après avoir multiplié les projets novateurs lors de son parcours aux cycles supérieurs, Yves Brun est recruté par l’Université de l’Indiana à Bloomington, où il deviendra professeur distingué et détenteur de la Chaire Clyde Culbertson. C’est là qu’il fonde son laboratoire axé sur l’étude de l’organisation spatio-temporelle de la cellule bactérienne, laboratoire maintenant hébergé au pavillon Roger-Gaudry de l’Université de Montréal.

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