Salle de presse | Le 18 mars 2021 | UdeMNouvelles
La metformine, employée pour traiter le diabète de type 2, pourrait réduire l’inflammation chronique chez les personnes sous trithérapie, selon une équipe du CRCHUM.
Si les personnes séropositives ont vu leur santé s’améliorer grâce à la thérapie antirétrovirale, elles ont cependant plus de risques de souffrir de complications associées à la chronicité de l’inflammation, comme les maladies cardiovasculaires. Ces problèmes de santé sont notamment dus aux réservoirs viraux dans lesquels le VIH persiste et à l’activation constante du système immunitaire.
Dans une étude pilote publiée récemment dans EBioMedicine, la chercheuse Petronela Ancuta, professeure à l’Université de Montréal, et la doctorante Delphine Planas, première auteure de l’étude, évaluent la capacité de la metformine à améliorer la fonction immunitaire et à réduire la taille des réservoirs viraux.
L’occasion pour nous de faire le point avec la professeure Ancuta, du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).
Q. Malgré le recours à la trithérapie, les personnes séropositives présentent une activation immunitaire et une inflammation excessives. Dans les travaux de votre étude pilote, vous tentez de contrecarrer ces effets en utilisant la metformine. Pouvez-vous nous en dire plus?
R. Actuellement, les thérapies antirétrovirales bloquent la réplication du VIH en agissant à l’entrée et à la sortie des virions. Il reste toutefois une étape qui n’est pas ciblée par ces thérapies: la multiplication du génome viral à l’intérieur même de la cellule infectée.
En dépit de la trithérapie, cette multiplication virale intracellulaire cause une inflammation et une activation immunitaire chroniques qui conduisent à l’apparition de comorbidités telles que les maladies cardiovasculaires. Au laboratoire, nous travaillons donc à mettre au point de nouveaux traitements pour bloquer la multiplication virale intracellulaire.
L’idée d’utiliser la metformine chez les personnes vivant avec le VIH est venue du Dr Jean-Pierre Routy [Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill], notre collaborateur dans cette étude. Largement employé en médecine, ce médicament stimule ou freine les réactions du système immunitaire.
Dans notre étude, nous avons donné de la metformine à 22 patients non diabétiques sous trithérapie – 13 à Montréal et 9 à Ottawa – en gardant à l’esprit que ce médicament interfère avec l’activité de la molécule mTOR [Mechanistic Target of Rapamycin], en jeu dans la transcription du VIH.
In vitro, il a déjà été montré que l’inhibition de mTOR par des médicaments permet de ralentir considérablement la réplication du VIH dans les cellules de patients infectés par le virus.
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